Lors de mon arrivée en juin 1982 à la Faculté de théologie protestante de Montpellier, je n’avais eu que peu de contacts avec cet établissement et j’en ignorais tout ou presque. L’accord qui m’a été réservé était chaleureux et m’a permis de m’intégrer très rapidement et quand j’ai vraiment démarré à mon poste en septembre de la même année, j’ai eu l’impression d’arriver à ma place.
La bibliothèque m’est apparue rapidement de sa déjà longue histoire : les fonds historiques de livres anciens, le fonds Montauban, les grandes collections que j’avais parfois déjà rencontrées au cours de mes études. Tout cela j’avais à le gérer, l’entretenir et le développer pour répondre aux besoins des enseignants et des étudiants, qui semblaient tous intéressés par les travaux entrepris. Je sentais que j’allais pouvoir faire du beau travail. Je me sentais encouragée par les membres de la commission de la bibliothèque qui m’avaient recrutée : André Gounelle en tête. Le travail ne manquait pas ; catalogage à rattraper, acquisitions, rencontres avec des étudiants qui fréquentaient assidument mon bureau, et que j’ai retrouvés par la suite dans la vie d’Eglise. Bref une vie riche.
Très rapidement j’ai constaté que la bibliothèque allait tôt ou tard manquer de place et qu’il fallait réfléchir à une évolution. D’autre part je suivais les développements de l’informatique documentaire qui commençait à se mettre en place même si ce n’était pas la première urgence. Deux ans après mon arrivée a démarré le programme qui a permis aux deux bibliothèques de l’IPT de se doter de bâtiments modernes et conçus comme bibliothèques et de quitter des locaux réaménagés avec plus ou moins de bonheur pour servir de bibliothèques. Pendant de longs mois nous avons participé à la campagne de levée de fonds en répondant aux donateurs et en les informant du développement des opérations. Il a fallu ensuite préparer le déménagement et je me rappelle encore des longs jours passés à mesurer les rayons et les tailles de livres pour les repositionner dans la future bibliothèque qui s’élevait de terre au fond du parc de la Faculté et dont je suivais les progrès avec gourmandise. Le déménagement s’est bien passé puisque un seul carton s’est égaré dans un rayon qui ne lui était pas destiné et que nous l’avons retrouvé quelques semaines plus tard. Certes le bâtiment n’était pas aussi parfait qu’on aurait pu le souhaiter et il a évolué par la suite mais c’était déjà un énorme progrès.
L’année suivante, fin 1987, j’ai repris avec la commission bibliothèque les contacts avec l’Université qui avait proposé à la Faculté d’entrer dans le nouveau réseau qui se mettait en place : SIBIL France. La bibliothèque a ainsi suivi les bibliothèques de l’Université de Montpellier dans ce réseau. Le catalogue informatique et collectif a accéléré le traitement des livres en supprimant de longues heures de travail fastidieux comme l’intercalation des fiches dans les catalogues papier. La qualité de notre travail à tous a ainsi été améliorée.
Je n’aurais jamais réalisé tout cela sans toutes les personnes qui ont aussi œuvré dans la bibliothèque. La commission bibliothèque qui a toujours soutenu mon travail par son suivi, son exigence et sa confiance. Les bénévoles qui m’ont accompagné : Suzanne Olivès, Christian Randria, Julia Darsot… Mes collègues : Isabelle Chareire, Vincent Randon … Les jeunes stagiaires de Travaux d’utilité collectives qui se sont succédé. Enfin je voudrais rendre hommage à mon prédécesseur indirect : quand je suis arrivée, Colette Preiss qui a régné sur cette bibliothèque pendant plus de trente ans était déjà partie à la retraite, une jeune bibliothécaire l’avait remplacée à laquelle j’ai succédé. Mais j’ai connu Colette Preiss par la suite et j’ai pu mesurer sa gentillesse lors de multiples rencontres amicales. Enfin d’autres personnes ont joué un grand rôle dans mon intégration à la Faculté : le corps enseignant d’une part, qui suivait le développement des fonds de la bibliothèque, et les secrétaires et directeurs du CUP. C’est en grande partie grâce à toutes ces personnes que j’ai pu mener à bien cette mission qui m’avait été confiée. Lors de mon départ en 1990 la bibliothèque pouvait partir vers de nouvelles rencontres avec une autre direction, et c’était parfait.
Michèle Behr
Bonus : Un ouvrage passionnant retrace l’histoire et les richesses de la bibliothèque sous la direction de Marielle Mouranche. Voir une recension.