L’explorateur de Dieu
S’il est un maître de la Faculté qui aura marqué de nombreuses promotions d’étudiants (qui ne se souvient de la métaphore du café au lait pour expliquer la doctrine des deux natures ?), de pasteurs, de collègues, de penseurs de tout bord depuis les années 1970 jusqu’à nos jours, c’est bien André Gounelle, aujourd’hui professeur honoraire (il a été professeur de dogmatique à la Faculté de 1970 à 1998) et toujours assidu aux journées d’études et autres cours publics de la Faculté.
Ainsi que le soulignent Marc Boss, Mireille Hébert, Raphaël Picon et Patrick van Dieren dans la préface du recueil de Mélanges qui lui ont été offerts, intitulé Penser le Dieu vivant :
« André Gounelle incarne, pour des générations d’étudiants et de lecteurs, une certaine idée de la rigueur intellectuelle. Son attention profonde à la pensée des autres, la forme lumineusement classique de son discours, sa probité radicale et sans réserve dans l’exercice de la critique sont les fondements de la tâche qu’il s’est donné (formuler les conditions d’un croire possible), de la quête qui l’occupe (dire et penser le Dieu vivant), du grand souci qui le caractérise (transmettre et faire partager l’Évangile). […]
Ses études sur la pensée religieuse et philosophique de Blaise Pascal ou de Paul Tillich, ses dialogues avec les théologiens de la mort de Dieu ou du Process, et bien sûr, ses nombreuses monographies sur la dogmatique chrétienne d’hier et d’aujourd’hui rayonnent bien au-delà des frontières de l’hexagone et du protestantisme. En témoignent, à leur manière, les titres de Docteur honoris causa que lui ont conféré l’Université de Lausanne et l’Université Laval de Québec ». (Penser le Dieu vivant, Paris, Van Dieren, 2003).
Dans son dernier ouvrage en date, Dieu, encore et toujours, André Gounelle se qualifie lui-même « d’explorateur de Dieu » : « A la différence de beaucoup de ceux qui affirment ou nient son existence, je ne prétends pas savoir qui il est ou ce qu’il est. Sa présence ne me le rend pas moins mystérieux ou énigmatique : je m’efforce de « l’explorer », tel un géographe en voyage dans une terra incognita qu’il n’a pas à chercher (elle est là), mais à parcourir et à cartographier. » (Dieu, encore et toujours, Paris, Van Dieren, 2019).
L’anecdote préférée du doyen actuel de la Faculté concernant M. Gounelle est rapportée par lui-même dans l’ouvrage Parler de Dieu : « Un jour, dans un train, un de mes voisins, voyant le livre que j’étais en train de lire, m’a demandé : ‟alors, vous croyez que Dieu existe ? ˮ. Pour être honnête, j’aurais dû répondre : ‟à la fois oui et non ; cela dépend de ce que vous entendez par Dieu, du sens que vous donnez à exister et de ce que signifie pour vous croire ˮ. J’ai jugé cette réponse beaucoup trop compliquée pour le T.G.V., et puisqu’on était dans la grande vitesse, j’ai dit : ‟je pense qu’il est ˮ. Mon interlocuteur m’aurait surpris et embarrassé s’il avait rétorqué : ‟qu’entendez vous par penser et par être ? ˮ. Il n’en a rien fait ; la théologie à grande vitesse ne va jamais très loin. » (Parler de Dieu, Paris, Van Dieren, 20052, p. 66-67.)
——————-
Pour aller plus loin : www.andregounelle.fr où l’on trouve de multiples ressources et sa bibliographie complète.